Voci un deuxième artcile écrit par Jean-Paul Karcz,
publié sur Oulala.net (Son pseudo est Ashoka)
JP Karcz est une écrivain. Auteur de "Virtualités"
paru aux Éditions Amalthée et disponible à
la
FNAC.
Source :
http://www.oulala.net/Portail/article.php3?id_article=2508
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Israël : Liban contre Golan ?
mercredi 19 juillet 2006, par Ashoka
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À
l’heure actuelle, en dehors de ce qui est évident,
à savoir qu’Israël
veut se débarrasser du Hezbollah, il y a bien
d’autres jeux qui se
jouent sous couvert de l’attaque féroce
d’Israël au Liban. Comme
d’habitude il n’y a pas qu’une seule
raison, mais un faisceaux
d’intérêts qui se combinent ou
s’opposent. On peut donc imaginer
plusieurs hypothèses, et celle d’une
volonté d’Israël de s’implanter
d’une façon ou d’une autre au Liban
mérite qu’on l’analyse.
Israël
voulait, lors de l’invasion du Liban en 1982,
commandée par Ariel
Sharon, transformer le pays du cèdre en protectorat
israélien. Mais la
résistance libanaise et palestinienne, soutenues par une Syrie
puissante dirigée par Hafez el Hassad, avait fait capoter le
projet.
Vingt-quatre ans plus tard, le même projet est en passe de
réussir.
Les
choses ont énormément changé
aujourd’hui : Les Palestiniens,
radicalisés avec le Hamas, ont fort à faire en
Palestine contre Israël,
qui s’est attribué la part du lion. La Syrie a
dû quitter le Liban et
s’est considérablement appauvrie
économiquement. La perte des gains
financiers au Liban, les employés syriens qui ne travaillent
plus au
Liban, le pétrole irakien qui ne passe plus par la Syrie, les
retombées
de l’invasion en Irak et un déclin
économique important, ont fragilisé
la Syrie.
Les
Etats-Unis et leur allié dans la région,
Israël, entendent bien
profiter de cette nouvelle situation, propice à servir leurs
desseins.
Les Syriens, qui ont perdu le Liban, y ont encore au gouvernement leurs
hommes à eux et l’on peut imaginer qu’ils
veulent monnayer leur action
avec Washington et Tel-Aviv. En continuant à soutenir le
Hezbollah, via
le gouvernement fantoche libanais, et en l’incitant
à provoquer Israël,
Damas précipite le Liban dans la guerre, le livrant pieds et
poings
liés à l’influence
américano-israélienne. Contre quoi ? Contre
la
restitution du Golan, avec certaines garanties pour Israël et
notamment
de s’y approvisionner en eau. Après tout, les
Syriens sont à plus de
80% Sunnites et n’ont rien à faire avec les Chiites
du Hezbollah.
Lorsqu’ils occupaient le Liban, les Syriens trouvaient une
utilité à
ces milices chiites, mais aujourd’hui elles n’ont
plus qu’une seule
utilité pour eux, leur servir de monnaie
d’échange pour obtenir de
l’aide économique des Etats-Unis et
récupérer le Golan.
Les
Israéliens pourraient donc prendre le Liban sous tutelle
après l’avoir
envahi et détruit juste assez pour exterminer le Hezbollah et
pour
forcer les Libanais à ne pas voter pour un gouvernement
pro-Hezbollah,
qui serait par ailleurs éradiqué. Le Liban a de
fortes dettes, 40
milliards de dollars qui avaient servi à Hariri à
reconstruire le
Liban. Le Liban, seul, aurait du mal à rembourser. Mais si
cela devient
une dette israélienne, que sont 40 milliards et les 10
milliards de
dégâts de cette guerre pour les Américains,
qui en dépensent deux fois
plus chaque mois en Irak, pour des résultats en termes de
consolidation
stratégique de leurs positions dans la région
dérisoires. Cinquante
milliards pour avoir le Liban, une aubaine !
On
peut imaginer la Syrie faisant ami ami avec Israël,
récupérer le Golan,
les Américains via leur allié israélien
s’installer au Liban, avec
bases et aéroports militaires, Israël agrandir sa
zone d’influence au
nord et parfaire le rêve du grand Israël, bien
avancé en Palestine
occupée. Le croissant chiite perdrait, avec la disparition du
Hezbollah, sa corne à l’Ouest, et l’Iran
serait isolé, ayant perdu son
allié syrien. À terme, les Américains
installeraient à Damas un
gouvernement sunnite, pro américain, après avoir fait
la même chose à
Beyrouth, dans les semaines qui viennent.
Il
est certain que Rafik Hariri n’aurait jamais voulu jouer le
rôle de
Président du Liban inféodé à un
tandem américano-sioniste, et c’est
pourquoi son assassinat a été
prémédité, peu de temps avant la mise en
place du plan d’occupation du Liban suite à la
capture des soldats
israëliens par les combattants du Hezbollah. Le prochain
président du
Liban, dans cette perspective, sera aux ordres de Washington et de
Tel-Aviv. La résolution 1559 de l’ONU
aurait été votée avec le plus parfait
cynisme par ceux qui voulaient
débarrasser le Liban de l’influence syrienne pour y
installer un régime
élu, certes, mais par des Libanais appeurés par la
guerre s’ils
continuaient à soutenir le Hezbollah. Ce régime
élu serait résolument
pro américain et israélien, et même
carrément inféodé au tandem
américano-sioniste, avec l’aide vraisemblable de
traffic des bulletins
de vote dans les urnes (les américains savent le faire chez
eux et
ailleurs, comme en Afghanistan).
La
région aura changé de façon dramatique, en
faveur d’Israël et des
Américains : L’Irak sans Saddam avec un
régime plus modéré, les
Palestiniens presque définitivement spoliés, la
Palestine presque
totalement sioniste, le Hezbollah disparu, la Syrie domptée
dans un
premier temps puis au gouvernement duquel serait installé un
régime
sunnite inféodé. Reste l’Iran,
isolé de tous, en passe de devenir une
puissance nucléaire dans environ 5 ans. Mais si le plan
décrit ici
fonctionne, l’Iran sans aucun allié serait
attaqué par une coalition
américano-israélienne, appuyée par le reste
du monde, y compris l’Europe,
avec la bénédiction des Nations-Unies ! On
peut comprendre que, sachant
cela, le président iranien ait poussé le Hezbollah
à intensifier ses
actions contre Israël.
Le
Hezbollah dispose de missiles de portée moyenne (20 à
75 kms) mais
également, semble-t-il, de missiles à plus longue
portée pouvant
ateindre Tel-Aviv. Ils ne se sont pas encore servi de ces missiles plus
puissants, et les bombardements israéliens ont aussi
visé à
désorganiser la logistique du Hezbollah pour les
empêcher de mettre en
batterie ces missiles à longue portée au Sud Liban.
Ces missiles
seaient en nombre limité et on peut imaginer
Téhéran tenter d’en
acheminer en grande quantité via la Syrie. Si les
Israéliens envisagent
une guerre de plusieurs mois au Liban, le Hezbollah prétend
pouvoir
tenir le nombre de mois nécessaires. Toute la question est
là, car si
cela s’avère exact, Ehoud Olmert et Peretz
pourraient se mordre les
doigts d’avoir laissé l’armée
israélienne ravager le Liban. Il semble
qu’une lutte à mort se soit engagée entre
le Hezbollah et Israël. Comme
dans toute épreuve de force, la victoire de l’un des
camps est la seule
issue au combat. À moins qu’Israël
s’avère incapable d’éradiquer le
Hezbollah...
En
attendant, on voit les Libanais chassés du Sud Liban, les
troupes
israéliennes y entrer, le déluge de feu
s’abattre de part et d’autre,
et on assiste au ballet diplomatique des acteurs patentés
comme Kofi
Annan et Javier Solana, qui amusent la galerie, jouant à la
perfection
le rôle que les grandes puissances attendent de ces deux
guignols,
pendant que les médias
illustrent cette période historique en montrant les
souffrances de ceux
qui sont pris dans la tourmente et dont certains mourront.
L’avenir
nous dira si les évènements prennent cette tournure.
Si c’est le cas,
cette stratégie aura été, pour Washington,
infiniment plus payante et
bien moins onéreuse que l’invasion de
l’Irak.
En
attendant, Israël inflige une punition au peuple libanais,
comme si
c’était ce peuple qui avait décidé
la présence du Hezbollah sur son
territoire. Jamais rasssiés du sang libanais, les
Israéliens pilonnent
les installations autant civiles que militaires, claironnant
qu’ils ne
s’arrêteront pas de sitôt. Cette
inflexibilité et cette hargne à
détruire un pays martyr et de tuer de faibles civils INNOCENTS
d’un
pays INNOCENT est de nature à susciter une haine encore plus
forte à
l’égard des sionistes. Qui osera dire, maintenant
plus que jamais, que
les sionistes ne sont pas dangereux ?
Il
est sidérant de constater une fois de plus
qu’Israël est excusé de tout
par la communauté internationnale. De tout, et du pire. Un
quelconque
pays arabe de la région s’en prendrait ainsi contre
un voisin que Bush
s’en irait en guerre, soutenu par une Amérique
offusquée, et traînant à
sa suite plusieurs pays dans une coalition pour le
rétablissement de la
justice. Mais qu’Israël fasse quelque chose,
même la plus inique, et
elle reçoit l’absolution complice. Sans doute que
les historiens, un
jour, sauront expliquer ce phénomène hors du
commun !
Ashoka.